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FERME DE BEAUREGARD-Carnet de Bord
En séjournant chez Jean-François et Annelyse, nous avons connu des conditions hivernale comme des conditions estivales et tout ce qu'on peut trouver entre les deux. Les giboulés de mars avec une petite pointe de déréglement climatique quoi ! Cependant, étant toujours techniquement «hiver», nous étions encore limités dans le travail que nous pouvions faire dans le jardin. Certaines choses que nous avons pu faire (mises en évidence ci-dessous) consistaient à construire une structure de support pour les kiwis, à creuser une tranchée pour les asperges, à planter de l'ail, transplanter des artichauts et de la consoude, à tailler les vignes et à dresser une clôture. Nous avons également travaillé à la construction d'une terrasse et d'une salle de bain temporaires pour la yourte de Lisa et à la construction de la future maison de Jean-François et Annelyse. Nous avons aussi eu une journée remplie de boulangerie de Beauregard.
JARDIN
Kiwis & Agrumes: Les kiwis, membres de la famille Actinidia, sont des plantes grimpantes et ligneuses qui poussent assez rapidement dans des endroits où les étés sont chauds. Jean François avait acheté 6 kiwis (5 plantes femelles et une plante mâle) à transplanter dans le jardin inférieur. Cependant, à cause de sa nature grimpante, ces arbres ont besoin d'une structure sur laquelle ils peuvent grandir, s'accrocher. Cette structure doit pouvoir supporter, non seulement les vignes ligneuses épaisses qui peuvent pousser plus de 3 mètres en une saison de croissance, mais aussi le poids des fruits qu'elles porteront à l'avenir. Jean-François a récupéré un squelette de serre et a décidé de l'utiliser comme structure pour les kiwis. La première chose qu'il fit fut de couper les arceaux en métal de la serre pour abaisser le squelette.
De cette façon, ils pourront récolter les kiwis principalement à la main (plutôt qu'avec des échelles). Puis avec deux autres WWOOFers (Lolita et Valentin), nous avons mis en place la structure autour du château d'eau (il sera intéressant de voir comment les kiwis grimpent le château d'eau à l'avenir!). Après avoir stabilisé la structure, nous avons ajouté des fils de fer horizontaux tous les 50 cm pour un support supplémentaire à destination des kiwi. La dernière étape était de planter les kiwis bien sûr que nous avons fait un autre jour avec Lisa.
Une fois que les kiwis seront établis, la zone sous la structure de support sera bien ombragée et sera utilisée pour protéger les légumes qui ont déjà été récoltés, ou qui abriteront peut-être un petit magasin à la ferme.
De retour à Beauregard, nous avons également transplanté des agrumes dans des pots plus grands, y compris 1 oranger, 1 citronnier vert et 3 citronniers jaune. Comme ces espèces prospèrent normalement dans les climats tropicaux, nous les avons transplantées dans des pots afin qu'elles puissent facilement entrer et sortir de la serre pour rester à la température désirée et être protégées de la neige printanière et des gelées qui pourraient non seulement empécher la culture fruitière, mais pourrait aussi tuer l'arbre. Nous mettons une couche de gravier au fond de chaque pot (pour faciliter le drainage), puis un mélange de terreau d'agrumes (qui est un peu sableux), de fumier de mouton composté et de compost récupéré à la déchéterie locale.
Ail, artichaut et consoude: Trois autres plantes que nous avons plantées pendant notre séjour à Beauregard étaient des bulbes d'ail, des artichauts et de la consoude. L'ail est généralement planté à l'automne et passe l'hiver, mais comme l'automne dernier était très occupé pour Jean-François, il n'a pas eu l'occasion de le planter plus tôt. Nous avons donc pris un après-midi pour planter des gousses d'ail dans le jardin qui avait été préparé avec une couche de foin déjà en cours de compostage.
Ensuite, nous nous sommes tournés vers la rangée d'artichauts qui s'était multipliée depuis la plantation l'an dernier et qui étaient maintenant. Les artichauts sont une plante vivace et n'ont donc pas besoin d'être replantés chaque année. Ils se reproduisent par graines (les artichauts que nous mangeons sont en fait les boutons floraux qui, si on les laisse mûrir sur la plante, finissent par fleurir et produire de la semence). Cependant les artichauts envoient aussi de nouvelles pousses à travers leur système racinaire maternel. Ce sont ces jeunes pousses que nous avons récupérées en coupant une partie de la racine du système racinaire maternel et replanté dans une nouvelle rangée qui a vocation à devenir une barrière pérenne, «naturelle» entre deux zones de plantation de plantes annuelles dans le jardin d'en haut.
Lors de la transplantation d'artichauts, il est important de ne pas laisser plus d'un tiers de la masse de la feuille originale. Couper ces feuilles signifie que moins de nutriments et d'eau doivent être transportés par le nouveau système racinaire non encore établi, et permet à la plante de se concentrer sur la production de racine tout en continuant un peu de photosynthèse tout au long du printemps et de l'été. Les artichauts peuvent rester productifs 10 à 15 ans.
L'un des plus gros projets de plantation que nous ayons abordé était la transplantation de consoude. La consoude est l'une des «plantes étonnantes» très appréciées dans les jardins, car elle peut être utilisée comme engrais vert, mulch, association, pour la production de purin, et bien plus encore.
C'est un «accumulateur dynamique», c'est-à-dire qu'il possède un système racinaire très profond et complexe qui attire les nutriments qui sont hors d'atteinte pour de nombreuses autres espèces végétales. Tous les nutriments absorbés par la plante sont ensuite stockés dans ses feuilles (et les racines) qui peuvent ensuite être récoltées et mises en paillis pour être compostées par des micro-organismes, libérant ainsi les nutriments aux autres espèces végétales. Cette méthode de paillage et de déchiquetage peut être effectuée quatre ou cinq fois par saison, mais elle doit être faite avant la floraison, car ensuite la teneur en nutriments est réduite. Une chose à se méfier cependant, c'est que bien que les plantes de la consoude puissent se reproduire par graines, elles sont le plus souvent propagées par leurs boutures de racines. Parce qu'ils ont des systèmes racinaires très complexes, une fois établis, ils pourraient continuer à pousser même à partir des plus petites racines laissées sans le savoir dans le sol. Selon la façon dont ils sont plantés, cela pourrait poser un problème, ou simplement créer plus d'opportunités pour récolter le paillis et nourrir le jardin.
La consoude avec laquelle nous travaillions était plantée autour du système de phytoépuration et s'était développé et s'était multiplié pour former une belle couverture végétale. Jean-François était intéressé à planter une partie du jardin avec la consoude pour fournir une couverture végétale temporaire (car les feuilles deviennent épaisses et rapidement). Nous avons déterré la consoude de la zone de phytoépuration qui était en excès et avons transplanté les petites boutures de racines dans leur nouvelle maison dans le jardin. Comme pour les artichauts il est important de couper et de réduire la structure des feuilles de la plante pour diriger plus d'énergie vers le système racinaire.
Asperges: L'un des projets de cette année pour Jean-François, Lisa et Marie consiste à planter une planche d'asperges dans le jardin du bas. Les asperges aiment les sols humides et sablonneux ainsi que les températures fraiches. Leurs pousses sont généralement récoltés au printemps. L'asperge est une plante vivace qui, une fois plantée, prend 2 ou 3 ans avant de s'établir, mais peut continuer à produire des pousses pendant 30 ans ou plus. Nous avons préparé une planches pour les asperges ce qui constiste à creuser une tranchée de 15 cm de profondeur et environ 15 cm de largeur dans laquelle nous mettrons un mélange de fumier et terre avant de positionner les racines d'artichauts et recouvrir de terre.
Vigne:
Jean-François a planté environ 60 pieds de vignes représentant environ 10 variétés de raisins de table sur la propriété Beauregard. A l'origine, ces raisins étaient destinés à être utilisés pour faire du jus. Cependant, il est devenu évident qu'avec les nombreuses variétés, il y avait trop d'écart entre les premières récoltes et les dernières plantes à mûrir pour avoir une quantité suffisante de raisins en même temps pour que la fabrication de jus en vaille la peine. Jean François et Annelyse ne sont pas déçus de leur décision de planter autant de variétés de raisins.
En effet, même en cas de conditions climatiques difficiles, que ce soit un gel tardif au printemps, un gel précoce en automne, etc., ils sont presque sûrs d'avoir une récolte sur au moins quelques variétés (le pouvoir de résilience d'un système diversifié!).
L'une des tâches qui nous a été assignée consistait à enlever le fumier de mouton qui avait été utilisé comme couche chaude dans l'une des serres pendant l'hiver et à l'ajouter à chaque pied de vigne pour obtenir un engrais de printemps. Nous devions cependant faire attention de ne pas trop rapprocher le fumier des vignes car le fumier peut transférer un champignon sur la vigne et entraîner la pourriture de l'écorce. L'autre leçon que nous avons eu était celle de la taille du la vigne qui devrait être faite en hiver avant que la sève ne commence à couler. La vigne est l'une des plantes les plus fortement taillées car cela conduit à des récoltes de raisins plus grandes et plus savoureuses.
Jean François nous a dit que la technique qui fonctionne la mieux pour lui consiste à couper tout le vieux bois et à ne laisser que deux nouvelles branches de croissance pour la saison à venir.
Les deux qui sont choisis doivent avoir certaines caractéristiques, y compris; 1) faire face à une bonne direction (par exemple vers le haut vers les lignes de palissage plutôt que dans le chemin ou vers le sol), et 2) choisir les branches les plus vigoureuses et les plus fortes.
Les deux branches choisies doivent également être fortement taillées mais ne laissant pas plus de 3 bourgeons et pas moins de deux. Lors de l'élagage de ces deux branches, il est important de se souvenir que toute l'énergie qui aurait pénétré dans le reste de la branche (et les autres branches déjà taillées) sera principalement dirigée vers ce dernier bourgeon laissé sur la branche. Par conséquent, la décision finale de savoir s'il faut laisser deux ou trois bourgeons dépendra de la direction dans laquelle se trouve le bourgeon final. c'est encore un exemple où il vaut mieux que le dernier bourgeon soit dirigé vers le haut que de l'avoir dirigé vers le bas (la brache va alors croître vers le sol).
Clôture:
Les chevreuils sont bien présent depuis l'année dernière sur le champs d'en bas. Peu sont les maraichersqui ne côture leur champs pour éviter que des mois de travail soit considéré comme un buffet à manger en une nuit!
Nous avons installé la clôture en faisant des trous avec une barre de mine, puis en effonçant les poteaux de clôture en bois à l'aide d'une masse.
Les poteaux de clôture ont été fabriqués à partir d'acacias que Jean François avait abattus dans la zone boisée de la propriété Beauregard. Ensuite, nous avons posé les isolateurs pour pouvoir tirer les 4 lignes de fils électriques destinées à empêcher le cerf d'essayer de faire le saut dans le «buffet gratuit».
CONSTRUCTION
Salle de bain et terrasse pour Lisa: En raison de la météo et du moment de notre visite, nous avons participé à des projets de construction à Beauregard. Le premier consistait en la contruction d'une salle de bain temporaire et une terrasse pour la yourte de Lisa. Notre timing coïncidait avec deux autres WWOOFers qui étaient déjà à Beauregard et avaient déjà commencé le projet. Quand nous sommes arrivés, la terrasse et la structure de base étaient presque déjà finis.
Nous avons pu aider à terminer le projet en installant le bardage et le toit en métal sur la salle de bain et la terrasse afin d'offrir un espace de rangement supplémentaire. Nous avons également aidé à construire la structure pour les toilettes sèches.
Future maison de Jean-Francois & Annelyse: Le plus gros projet en cours consistait à rénover la grange des années 1830 (actuellement menuiserie) qui sera la future maison de Jean-François et Annelyse.
Pendant notre séjour, deux de leurs fils sont arrivés pour aider à la stabilisation des murs de pierre avec du ciment. Les murs ont été construits à l'origine en empilant les pierres les unes sur les autres et en les cimentant avec un mélange d'argile, de chaux et parfois de fumier. Cela signifiait enlever les pierres qui ne tiennent pas bien et les remplacer et aussi cimenter les zones qui nécessitaient un renforcement supplémentaire.
Après que ces murs ont été fini, nous avons travaillé sur plancher du premier étage.
Certaines des poutres de chêne originales soutenant la maison ont été gardés comme elles été encore en bon état. D'autres sont remplacés et des transversales ajoutées.
Nous avons également mis en place des panneaux d'isolation en aluminium puis rempli l'espace entre ces panneaux d'isolation et le sous-plancher avec des copeaux de bois (un sous-produit de l'atelier de menuiserie) en guise d'isolant.
La dernière étape consiste à recouvrir cette couche de copeau de bois par les planches d'OSB. Il reste encore beaucoup de travail avant que la maison ne soit fini mais le projet est de la finir dans les prochaines 2 ans. J
BOULANGERIE
Nous avons également eu le plaisir de passer une journée à la boulangerie pendant notre séjour à Beauregard. Jean-François a passé quelques années à faire du pain pour le vendre localement. Il produit maintenant pourla maison. C'est environ 25 kilos de pain produit à chaque fournée (une fois tout les mois environ...en fonction de l'appétit des WWOOFers et des invités bien sûr;).
La farine qu'il utilise entre autre de la farine moulue au moulin de Barrau, moulin hydroélectrique qui produit de la farine depuis plus de 600 ans et broie la farine entre deux grosses pierres comme le veut la tradition. Pour plus d'info sur ce vieux moulin, regardez cette vidéo .
La nuit précédente, Jean-François avait nourri son levain et nous avons mis de la levain et la farine près du radiateur pour les mettre à température au plus prochain de 25°C pour le lendemain. Nous avons ensuite commencé le lendemain matin à 7h30 en allumant le four en brique maison et en ajoutant du bois toutes les demi-heures jusqu'à ce qu'il atteigne la température (290 °C) vers 13h00.
Étape 1 - À 9h00, nous avons commencé à préparer le pain en mélangeant de l'eau tiède avec du sel à nos 1,5 kilos de levain, puis en le mélangeant l'eau salé lentement avec 16 kilos de farine (environ 70% du poids total de la farine). Ensuite, nous avons couvert la pâte et laisser lever pendant 15 minutes.
Étape 2 - A ce moment il était 10h00 et nous avons «étiré la pâte» pour laisser entrer l'air. Ceci est fait en ramassant des sections de la pâte, en les étirant et en les jetant de l'autre côté du pétrin.
Ce processus est fait 3 fois (de gauche à droite puis à nouveau à gauche) avant de couvrir et de laisser reposer la pâte 15 minutes de plus.
Étape 3 - Pétrir la pâte pour travailler le gluten. Le gluten est ce qui donne au pain son élasticité et sa texture aérée et caoutchouteuse tout en gardant sa forme. Cela a été fait en coupant des portions de pâte, en les malaxant brièvement avant de les jeter en tas dans le pétrin. Après cette étape, nous laissons la pâte lever pendant 2 heures.
Étape 4 - Nous avons fait des pains en pesant 2 kilos de pâte. Ensuite, les bords sont délicatement pliés et pressés au centre de la pâte pour former une forme circulaire. La pâte est ensuite retournée, les côtés sont ramener au centre du pâton et pincé puis le est doucement roulé sur le côté pour afiner la forme finale. Ensuite, nous avons placé chaque pain dans un panier doublé de coton ou de lin avec le côté lisse vers le bas, les recouvrons et les laissons lever pendant 1 heure.
Étape 5 - À ce moment-là, le four était arrivé à température. Nous avons vidé les cendres, puis lavé le four à l'eau en ramenant la température à 270 degrés. La température est importante car si elle est trop chaude, le pain brûlera à l'extérieur et sera cru à l'intérieur. Jean François pense qu'il vaut mieux que ce soit un peu trop froid (car il peut rester un peu plus longtemps au four) plutôt que de le faire chauffer trop chaud et de brûler la croûte de tout le pain!
Étape 6 - Mettre le pain dans le four avec une pelle à pain.
Étape 7 - Quinze minutes plus tard, nous avons terminé l'étape sept qui consistait à libérer l'eau contenue dans le bidon d'eau (qui était en réalité une grenade récupérée des tranchées pendant la Première Guerre mondiale qu'un soldat avait utilisée comme toile d'artiste). C'est une étape importante car elle est essentielle pour faire une croûte croquante et brune.
Étape 8 & 9 - Nous avons laissé le pain dans le four pendant environ 1 heures avant de sortir le pain du four pour le laisser refroidir!
Les quatre semaines que nous avons passées à Beauregard ont été mémorables et nous avons passé un bon moment non seulement avec Jean Francois, Annelyse et leur famille, mais aussi avec Lisa, Johan et les autres WWOOFers Valentin et Lolita.
Merci à tous pour avoir partagé avec nous votre belle énergie, vos connaissances et vos rires ! Et un grand merci, bien sûr, à Jean-François et Annelyse pour leur accueil très apprécié, leurs conversations stimulantes, leur partage de connaissances et leur gentillesse. Nous sommes sûrs que nous nous reverrons bientôt, mais pour l'instant ... prochaine aventure!
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